mandataire, relativement à toutes les affaires de la succession.
— Pien ! tonnez ! dit l’Allemand en voulant signer sur-le-champ.
— Non, je dois vous lire l’acte.
— Lissez !
Schmucke ne prêta pas la moindre attention à la lecture de cette procuration générale, et il la signa. Le jeune homme prit les ordres de Schmucke pour le convoi, pour l’achat du terrain où l’Allemand voulut avoir sa tombe, et pour le service de l’église, en lui disant qu’il n’éprouverait plus aucun trouble, ni aucune demande d’argent.
— Bir afoir la dranquilidé, je tonnerais doud ce que ché bossète, dit l’infortuné qui de nouveau s’agenouilla devant le corps de son ami.
Fraisier triomphait, le légataire ne pouvait pas faire un mouvement hors du cercle où il le tenait enfermé par la Sauvage et par Villemot.
Il n’est pas de douleur que le sommeil ne sache vaincre. Aussi vers la fin de la journée, la Sauvage trouva-t-elle Schmucke étendu au bas du lit où gisait le corps de Pons, et dormant ; elle l’emporta, le coucha, l’arrangea maternellement dans son lit, et l’Allemand y dormit jusqu’au lendemain. Quand Schmucke s’éveilla, c’est-à-dire quand, après cette trêve, il fut rendu au sentiment de ses douleurs, le corps de Pons était exposé sous la porte cochère, dans la chapelle ardente à laquelle ont droit les convois de troisième classe ; il chercha donc vainement son ami dans cet appartement qui lui parut immense, où il ne trouva rien que d’affreux souvenirs. La Sauvage, qui gouvernait Schmucke avec l’autorité d’une nourrice sur son marmot, le força de déjeuner avant d’aller à l’église. Pendant que cette pauvre victime se contraignait à manger, la Sauvage lui fit observer, avec des lamentations dignes de Jérémie, qu’il ne possédait pas d’habit noir. La garde-robe de Schmucke, entretenue par Cibot, en était arrivée, avant la maladie de Pons, comme le dîner, à sa plus simple expression, à deux pantalons et deux redingotes !…
— Vous allez aller comme vous êtes à l’enterrement de monsieur ? C’est une monstruosité à vous faire honnir par tout le quartier !…
— Ed commend fulez-fus que ch’y alle ?
— Mais en deuil !…
— Le teuille ! …