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Ed gommend ? demanda Schmucke.

— Oh ! très-honnêtement, répondit Wilhem qui trouva dans la question bizarre de Schmucke une raillerie dont ce parfait chrétien était incapable.

— Allons, messieurs, à vos places ! dit Pons qui regarda dans l’orchestre sa petite armée après avoir entendu le coup de sonnette du directeur.

On exécuta l’ouverture de la Fiancée du Diable, une pièce féerie qui eut deux cents représentations. Au premier entr’acte, Wilhem et Schmucke se virent seuls dans l’orchestre désert. L’atmosphère de la salle comportait trente-deux degrés Réaumur.

Gondez-moi tonc fotre husdoire, dit Schmucke à Wilhem.

— Tenez, voyez-vous à l’avant-scène, ce jeune homme ?… le reconnaissez-vous ?

Ti tud…

— Ah ! parce qu’il a des gants jaunes, et qu’il brille de tous les rayons de l’opulence ; mais c’est mon ami, Fritz Brunner de Francfort-sur-Mein…

Celui qui fenaid foir les bièces à l’orguesdre, brès te fus ?

— Le même. N’est-ce pas, que c’est à ne pas croire à une pareille métamorphose ?

Ce héros de l’histoire promise était un de ces Allemands dont la figure contient à la fois la raillerie sombre du Méphistophélès de Goethe et la bonhomie des romans d’Auguste Lafontaine de pacifique mémoire ; la ruse et la naïveté, l’âpreté des comptoirs et le laissez-aller raisonné d’un membre du Jockey-Club ; mais surtout le dégoût qui met le pistolet à la main de Werther, beaucoup plus ennuyé des princes allemands que de Charlotte. C’était véritablement une figure typique de l’Allemagne : beaucoup de juiverie et beaucoup de simplicité, de la bêtise et du courage, un savoir qui produit l’ennui, une expérience que le moindre enfantillage rend inutile, l’abus de la bière et du tabac ; mais, pour relever toutes ces antithèses, une étincelle diabolique dans de beaux yeux bleus fatigués. Mis avec l’élégance d’un banquier, Fritz Brunner offrait aux regards de toute la salle une tête chauve d’une couleur titiannesque, de chaque côté de laquelle se bouclaient les quelques cheveux d’un blond ardent que la débauche et la misère lui avaient laissés pour qu’il eût le droit de payer un coiffeur au jour de sa