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MÉDITATION XXVII.

DES DERNIERS SYMPTÔMES.

L’auteur de ce livre a rencontré, dans le monde, tant de gens possédés d’une sorte de fanatisme pour la connaissance du temps vrai, du temps moyen, pour les montres à seconde, et pour l’exactitude de leur existence, qu’il a jugé cette Méditation trop nécessaire à la tranquillité d’une grande quantité de maris pour l’omettre. Il eût été cruel de laisser les hommes qui ont la passion de l’heure, sans boussole pour apprécier les dernières variations du zodiaque matrimonial et le moment précis où le signe du minotaure apparaît sur l’horizon.

La connaissance du temps conjugal demanderait peut-être un livre tout entier, tant elle exige d’observations fines et délicates. Le magister avoue que sa jeunesse ne lui a permis de recueillir encore que très-peu de symptômes ; mais il éprouve un juste orgueil en arrivant au terme de sa difficile entreprise, de pouvoir faire observer qu’il laisse à ses successeurs un nouveau sujet de recherches ; et que, dans une matière en apparence si usée, non-seulement tout n’était pas dit, mais qu’il restera bien des points à éclaircir. Il donne donc ici, sans ordre et sans liaison, les éléments informes qu’il a pu rassembler jusqu’à ce jour, espérant avoir le loisir de les coordonner plus tard et de les réduire en un système complet. S’il était prévenu dans cette entreprise éminemment nationale, il croit devoir indiquer ici, sans pour cela être taxé de vanité, la division naturelle de ces symptômes. Ils sont nécessairement de deux sortes : les unicornes et les bicornes. Le minotaure unicorne est le moins malfaisant, les deux coupables s’en tiennent à l’amour platonique, ou du moins leur passion ne laisse point de traces visibles dans la postérité ; tandis que le minotaure bicorne est le malheur avec tous ses fruits.

Nous avons marqué d’un astérisque les symptômes qui nous ont paru concerner ce dernier genre.



OSERVATIONS MINOTAURIQUES.


I.

Quand, après être restée long-temps séparée de son mari, une femme lui fait des agaceries un peu trop fortes, afin de l