un mari échappe à tous ces artifices qu’un indomptable amour suggère aux femmes il sera nécessairement vaincu par l’emploi d’une arme terrible, la dernière que saisisse une femme, car ce sera toujours avec une sorte de répugnance qu’elle détruira elle-même son empire sur un mari ; mais c’est une arme empoisonnée, aussi puissante que le fatal couteau des bourreaux. Cette réflexion nous conduit au dernier paragraphe de cette Méditation.
Avant de s’occuper de la pudeur, il serait peut-être nécessaire de savoir si elle existe. N’est-elle chez la femme qu’une coquetterie bien entendue ? N’est-elle que le sentiment de la libre disposition du corps, comme on pourrait le penser en songeant que la moitié des femmes de la terre vont presque nues ? N’est-ce qu’une chimère sociale, ainsi que le prétendait Diderot, en objectant que ce sentiment cédait devant la maladie et devant la misère ?
L’on peut faire justice de toutes ces questions.
Un auteur ingénieur a prétendu récemment que les hommes avaient beaucoup plus de pudeur que les femmes. Il s’est appuyé de beaucoup d’observations chirurgicales ; mais pour que ses conclusions méritassent notre attention, il faudrait que, perdant un certain temps, les hommes fussent traités par des chirurgiennes.
L’opinion de Diderot est encore d’un moindre poids.
Nier l’existence de la pudeur parce qu’elle disparaît au milieu des crises où presque tous les sentiments humains périssent, c’est vouloir nier que la vie a lieu parce que la mort arrive.
Accordons autant de pudeur à un sexe qu’à l’autre, et recherchons en quoi elle consiste.
Rousseau fait dériver la pudeur des coquetteries nécessaires que toutes les femelles déploient pour le mâle. Cette opinion nous semble une autre erreur.
Les écrivains du dix-huitième siècle ont sans doute rendu d’immenses services aux Sociétés ; mais leur philosophie, basée sur le sensualisme, n’est pas allée plus loin que l’épiderme humain. Ils n’ont considéré que l’univers extérieur ; et, sous ce rapport seulement, ils ont retardé, pour quelque temps, le développement moral de l’homme et les progrès d’une science qui tirera toujours ses premiers éléments de l’Évangile, mieux compris désormais par les fervents disciples du Fils de l’homme.