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à s’expliquer le mouvement, marchait devant lui pour essayer d’en saisir les lois insaisissables.

Un mari aura, selon les principes consignés dans la Méditation sur la Police, expressément défendu à sa femme de recevoir les visites du célibataire qu’il soupçonne devoir être son amant ; elle a promis de ne jamais le voir. C’est de petites scènes d’intérieur que nous abandonnons aux imaginations matrimoniales, un mari les dessinera bien mieux que nous, en se reportant, par la pensée, à ces jours où de délicieux désirs ont amené de sincères confidences, où les ressorts de sa politique ont fait jouer quelques machines adroitement travaillées.

Supposons, pour mettre plus d’intérêt à cette scène normale, que ce soit vous, vous mari qui me lisez, dont la police, soigneusement organisée, découvre que votre femme profitant des heures consacrées à un repas ministériel auquel elle vous a fait peut-être inviter, doit recevoir monsieur À–Z.

Il y a là toutes les conditions requises pour amener une des plus belles péripéties possibles.

Vous revenez assez à temps pour que votre arrivée coïncide avec celle de monsieur À–Z, car nous ne vous conseillerions pas de risquer un entr’acte trop long. Mais comment rentrez-vous ?… non plus, selon les principes de la Méditation précédente. — En furieux, donc ?… — Encore moins. Vous arrivez en vrai bonhomme, en étourdi qui a oublié sa bourse ou son mémoire pour le ministre, son mouchoir ou sa tabatière.

Alors, ou vous surprendrez les deux amants ensemble, ou votre femme avertie par sa soubrette, aura caché le célibataire.

Emparons-nous de ces deux situations uniques.

Ici nous ferons observer que tous les maris doivent être en mesure de produire la terreur dans leur ménage, et préparer long-temps à l’avance des deux septembre matrimoniaux.

Ainsi, un mari, du moment où sa femme a laissé apercevoir quelques premiers symptômes, ne manquera jamais à donner, de temps à autre, son opinion personnelle sur la conduite à tenir par un époux dans les grandes crises conjugales.

— Moi, direz-vous, je n’hésiterais pas à tuer un homme que je surprendrais aux genoux de ma femme.

À propos d’une discussion que vous aurez suscitée, vous serez amené à prétendre : — que la loi aurait dû donner à un mari,