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Vous comprenez que si votre femme veut boire du vin de Roussillon, manger des filets de mouton, sortir à toute heure, et lire l’Encyclopédie, vous l’y engagerez de la manière la plus pressante. D’abord elle entrera en défiance contre ses propres désirs en vous voyant agir en sens inverse de tous vos systèmes précédents. Elle supposera un intérêt imaginaire à ce revirement de politique, et alors tout ce que vous lui donnerez de liberté l’inquiétera de manière à l’empêcher d’en jouir. Quant aux malheurs que pourrait amener ce changement, l’avenir y pourvoira. En révolution, le premier de tous les principes est de diriger le mal qu’on ne saurait empêcher, et d’appeler la foudre par des paratonnerres, pour la conduire dans un puits.

Enfin le dernier acte de la comédie se prépare.

L’amant qui, depuis le jour où le plus faible de tous les premiers symptômes s’est déclaré chez votre femme jusqu’au moment où la révolution conjugale s’opère, a voltigé, soit comme figure matérielle, soit comme être de raison, l’amant, appelé d’un signe par elle, a dit : — Me voilà.

MÉDITATION XIX.

DE L’AMANT.

Nous offrons les maximes suivantes à vos méditations.

Il faudrait désespérer de la race humaine si elles n’avaient été faites qu’en 1830 ; mais elles établissent d’une manière si catégorique les rapports et les dissemblances qui existent entre vous, votre femme et un amant ; elles doivent éclairer si brillamment votre politique, et vous accuser si juste les forces de l’ennemi, que le magister a fait toute abnégation d’amour-propre ; et si, par hasard, il s’y trouvait une seule pensée neuve, mettez-la sur le compte du diable qui conseilla l’ouvrage.


LXV.

Parler d’amour, c’est faire l’amour.


LXVI.

Chez un amant, le désir le plus vulgaire se produit toujours comme l’élan d’une admiration c