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Une jeune fille élevée au logis par une mère ou une vieille tante vertueuses, bigotes, aimables ou acariâtres ; une jeune fille dont les pas n’ont jamais franchi le seuil domestique sans être environnée de chaperons, dont l’enfance laborieuse a été fatiguée par des travaux même inutiles, à laquelle enfin tout est inconnu, même le spectacle de Séraphin, est un de ces trésors que l’on rencontre, çà et là, dans le monde, comme ces fleurs de bois environnées de tant de broussailles que les yeux mortels n’ont pu les atteindre. Celui qui, maître d’une fleur si suave, si pure, la laisse cultiver par d’autres, a mérité mille fois son malheur. C’est ou un monstre ou un sot.

Ce serait bien ici le moment d’examiner s’il existe un mode quelconque de se bien marier, et de reculer ainsi indéfiniment les précautions dont l’ensemble sera présenté dans la Seconde et la Troisième Partie ; mais n’est-il pas bien prouvé qu’il est plus aisé de lire l’école des femmes dans un four exactement fermé que de pouvoir connaître le caractère, les habitudes et l’esprit d’une demoiselle à marier ?

La plupart des hommes ne se marient-ils pas absolument comme s’ils achetaient une partie de rentes à la Bourse ?

Et si dans la Méditation précédente nous avons réussi à vous démontrer que le plus grand nombre des hommes reste dans la plus profonde incurie de son propre bonheur en fait de mariage, est-il raisonnable de croire qu’il se rencontrera beaucoup de gens assez riches, assez spirituels, assez observateurs, pour perdre, comme le Burchell du Vicaire de Wakefield, une ou deux années de leur temps à deviner, à épier les filles dont ils feront leurs femmes, quand ils s’occupent si peu d’elles après les avoir conjugalement possédées pendant ce laps de temps que les Anglais nomment la Lune de miel, et de laquelle nous ne tarderons pas à discuter l’influence ?

Cependant, comme nous avons long-temps réfléchi sur cette matière importante, nous ferons observer qu’il existe quelques moyens de choisir plus ou moins bien, même en choisissant promptement.

Il est, par exemple, hors de doute que les probabilités seront en votre faveur :

1º Si vous avez pris une demoiselle dont le tempérament ressemble à celui des femmes de la Louisiane ou de la Caroline.

Pour obtenir des renseignements certains sur le tempérament