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Bref, un jeune homme ne manque jamais d’excellentes raisons pour prouver que sa maîtresse va devenir très-prochainement une femme honnête, si elle ne l’est pas déjà. Cette distinction, produite par l’élégance de nos mœurs, est devenue aussi indéfinissable que la ligne à laquelle commence le bon ton. Qu’est-ce donc alors qu’une femme honnête ?

Cette matière touche de trop près à la vanité des femmes, à celle de leurs amants, et même à celle d’un mari, pour que nous n’établissions pas ici des règles générales, résultat d’une longue observation.

Notre million de têtes privilégiées représente une masse d’éligibles au titre glorieux de femme honnête, mais toutes ne sont pas élues. Les principes de cette élection se trouvent dans les axiomes suivants :


APHORISMES


I.

Une femme honnête est essentiellement mariée.


II

Une femme honnête a moins de quarante ans.


III.

Une femme mariée dont les faveurs sont payables n’est pas une femme honnête.


IV.

Une femme mariée qui a une voiture à elle est une femme honnête.


V.

Une femme qui fait la cuisine dans son ménage n’est pas une femme honnête.


VI.

Quand un homme a gagné vingt mille livres de rente, sa femme est une femme honnête, quel que soit le genre de commerce auquel il a dû sa fortune.


VII.

Une femme qui dit une lettre d’échange pour une lettre de change, souyer pour soulier, pierre de lierre pour pierre de