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ports avec le ciel. Enfin tout parle aux Esprits. Les Esprits sont dans le secret de l’harmonie de créations entre elles ; ils s’entendent avec l’esprit des sons, avec l’esprit des couleurs, avec l’esprit des végétaux ; ils peuvent interroger le minéral, et le minéral répond à leurs pensées. Que sont pour eux les sciences et les trésors de la terre, quand ils les étreignent à tout moment par leur vue, et que les mondes dont s’occupent tant les hommes, ne sont pour les Esprits que la dernière marche d’où ils vont s’élancer à Dieu ? L’Amour du ciel ou la sagesse du ciel s’annoncent en eux par un cercle de lumière qui les entoure et que voient les Élus. Leur innocence, dont celle des enfants est la forme extérieure, a la connaissance des choses que n’ont point les enfants : ils sont innocents et savants. — « Et, dit Swedenborg, l’innocence des cieux fait une telle impression sur l’âme, que ceux qu’elle affecte en gardent un ravissement qui dure toute leur vie, comme je l’ai moi-même éprouvé. Il suffit peut-être, dit-il encore, d’en avoir une minime perception pour être à jamais changé, pour vouloir aller aux cieux et entrer ainsi dans la sphère de l’Espérance. » Sa doctrine sur les mariages peut se réduire à ce peu de mots : « Le Seigneur a pris la beauté, l’élégance de la vie de l’homme et l’a transportée dans la femme. Quand l’homme n’est pas réuni à cette beauté, à cette élégance de sa vie, il est sévère, triste et farouche ; quand il y est réuni, il est joyeux, il est complet. » Les Anges sont toujours dans le point le plus parfait de la beauté. Leurs mariages sont célébrés par des cérémonies merveilleuses. Dans cette union, qui ne produit point d’enfants, l’homme a donné l’entendement, la femme a donné la volonté : ils deviennent un seul être, une seule chair ici-bas ; puis ils vont aux cieux après avoir revêtu la forme céleste. Ici-bas, dans l’état naturel, le penchant mutuel des deux sexes vers les voluptés est un Effet qui entraîne et fatigue et dégoût ; mais sous sa forme céleste, le couple devenu le même Esprit trouve en lui-même une cause incessante de voluptés. Swedenborg a vu ce mariage des Esprits, qui, selon saint Luc, n’a point de noces (20, 35), et qui n’inspire que des plaisirs spirituels. Un Ange s’offrit à le rendre témoin d’un mariage, et l’entraîna sur ses ailes (les ailes sont un symbole et non une réalité terrestre). Il le revêtit de sa robe de fête, et quand Swedenborg se vit habillé de lumière, il demanda pourquoi. — Dans cette circonstance, répondit l’Ange, nos robes