point où la voulait Catherine, avait pour but de mettre le jeune duc et son beau-frère, le roi de Navarre, à la tête des Calvinistes, de s’emparer de Charles IX et de retenir prisonnier ce roi sans héritier, qui laisserait ainsi la couronne an duc, dont l’intention était d’établir le Calvinisme en France. Calvin avait obtenu quelques jours avant sa mort la récompense qu’il ambitionnait tant, en voyant la Réformation se nommer le Calvinisme en son honneur. Si Le Laboureur et les plus judicieux auteurs n’avaient déjà prouvé que La Mole et Coconnas, arrêtés cinquante jours après la nuit où commence ce récit et décapités au mois d’avril suivant, furent les victimes de la politique de la reine-mère, il suffirait, pour faire penser qu’elle dirigea secrètement leur entreprise, de la participation de Cosme Ruggieri dans cette affaire. Cet homme, contre lequel le roi nourrissait des soupçons et une haine dont les motifs vont se trouver suffisamment expliqués ici, fut impliqué dans la procédure. Il convint d’avoir fourni à La Mole une figure représentant le roi, piquée au cœur par deux aiguilles. Cette façon d’envoûter constituait, à cette époque, un crime puni de mort. Ce verbe comporte une des plus belles images infernales qui puissent peindre la haine, il explique d’ailleurs admirablement l’opération magnétique et terrible que décrit, dans le monde occulte, un désir constant en entourant le personnage ainsi voué à la mort, et dont la figure de cire rappelait sans cesse les effets. La justice d’alors pensait avec raison qu’une pensée à laquelle on donnait corps était un crime de lèze-majesté. Charles IX demanda la mort du Florentin Catherine, plus puissante, obtint du Parlement, par le conseiller Le Camus, que son astrologue serait condamné seulement aux galères. Le roi mort, Cosme Ruggieri fut gracié par une ordonnance de Henri III, qui lui rendit ses pensions et le reçut à la cour.
Catherine avait alors frappé tant de coups sur le cœur de son fils, qu’il était en ce moment impatient de secouer le joug de sa mère. Depuis l’absence de Marie Touchet, Charles IX inoccupé s’était pris à tout observer autour de lui. Il avait tendu très-habilement des piéges aux gens desquels il se croyait sûr, pour éprouver leur fidélité. Il avait surveillé les démarches de sa mère, et lui avait dérobé la connaissance des siennes propres, en se servant pour la tromper de tous les défauts qu’elle lui avait donnés. Dévoré du désir d’effacer l’horreur causée en France par la Saint-Barthélemi,