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Les cérémonies qui ont lieu lors de la mort d’un roi de France se firent dans la solitude. Quand le roi d’armes cria dans la salle trois fois : Le roi est mort ! après l’annonce officielle du duc de Guise, il n’y eut que quelques personnes pour répéter : Vive le roi !

La reine-mère, à qui la comtesse de Fiesque amena le duc d’Orléans, devenu depuis quelques instants Charles IX, sortit en tenant son fils par la main, et fut suivie de toute la cour. Il ne resta que les deux Lorrains, la duchesse de Guise, Marie Stuart et Dayelle dans la chambre où François II rendait le dernier soupir, avec deux gardes à la porte, les pages du Grand-Maître, ceux du cardinal et leurs secrétaires particuliers.

— Vive la France ! crièrent plusieurs Réformés en faisant entendre un premier cri d’opposition.

Robertet, qui devait tout au duc et au cardinal, effrayé de leurs projets et de leurs entreprises manquées, se rallia secrètement à la reine-mère, à la rencontre de laquelle les ambassadeurs d’Espagne, d’Angleterre, de l’Empire et de Pologne vinrent dans l’escalier, amenés par le cardinal de Tournon qui les alla prévenir, après s’être montré dans la cour à Catherine de Médicis, au moment où elle avait protesté contre l’opération d’Ambroise Paré.

— Hé ! bien, les fils de Louis d’Outre-mer, les héritiers de Charles de Lorraine ont manqué de courage, dit le cardinal au duc.

— On les aurait renvoyés en Lorraine, répondit le Grand-Maître. Je vous le déclare, Charles, si la couronne était là, je n’étendrais pas la main pour la prendre. Ce sera l’ouvrage de mon fils.

— Aura-t-il jamais comme vous l’Armée et l’Église ?

— Il aura mieux.

— Quoi ?

— Le Peuple !

— Il n’y a que moi qui le pleure, ce pauvre enfant qui m’aimait tant ! dit Marie Stuart en tenant la main froide de son premier mari expiré.

— Par qui renouer avec la reine ? dit le cardinal.

— Attendez qu’elle se brouille avec les Huguenots, répondit la duchesse.

Les intérêts de la maison de Bourbon, ceux de Catherine, ceux des Guise, ceux du parti des Réformés produisirent une telle confusion dans Orléans, que trois jours après, le