Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 15.djvu/504

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et cela est si vrai, que ce chiffre existe encore sur la colonne de la Halle au Blé, bâtie par Catherine seule. On peut d’ailleurs voir ce même chiffre dans les caveaux de Saint-Denis sur le tombeau que Catherine se fit élever à elle-même de son vivant à côté de celui de Henri II, et où elle est représentée d’après nature par le sculpteur pour qui elle a posé.

Dans une occasion solennelle, au moment où il partit pour son expédition d’Allemagne, Henri II déclara Catherine régente pendant son absence, aussi bien qu’en cas de mort, le 25 mars 1552. Le plus cruel ennemi de Catherine, l’auteur du Discours merveilleux sur les déportements de Catherine II, convient qu’elle s’acquitta de ce gouvernement à la louange générale et que le roi fut satisfait de son administration. Henri II eut à propos des hommes et de l’argent. Enfin, après la fatale journée de Saint-Quentin, Catherine obtint des Parisiens des sommes considérables, qu’elle envoya à Compiègne où se trouvait le roi.

En politique, Catherine fit des efforts inouïs pour obtenir un peu d’influence. Elle eut assez d’habileté pour mettre le connétable, tout-puissant sous Henri II, dans ses intérêts. On sait la terrible réponse que fit le roi tourmenté par Montmorency. Cette réponse était le résultat des bons conseils que Catherine donna, dans le peu de moments où elle se trouva seule avec le roi, et où elle lui exposa la politique florentine, qui était d’opposer les grands du royaume les uns aux autres, et d’établir l’autorité royale sur leurs ruines, le système de Louis XI, continué plus tard par elle et par Richelieu. Henri II, qui ne voyait que par les yeux de Diane et du connétable, fut un roi tout féodal et ami des grandes maisons de son royaume.

Après la tentative inutilement faite par le connétable en sa faveur, et qu’il faut reporter à l’année 1556, Catherine caressa beaucoup les Guise, et forma le projet de les détacher du parti de Diane afin de les opposer au connétable. Mais, malheureusement, Diane et le connétable étaient tout aussi animés que les Guise contre les Protestants. Il n’y eut donc pas dans leur lutte cette animosité qu’y aurait mise la question religieuse. D’ailleurs, Diane rompit en visière aux projets de la reine, en coquetant avec les Guise et donnant sa fille au duc d’Aumale. Elle alla si loin, que certains auteurs prétendent qu’elle accorda plus que ses bonnes grâces au galant cardinal de Lorraine.