Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 15.djvu/5

Cette page n’a pas encore été corrigée

A JACQUES STRUNZ.

Mon cher Strunz, il y aurait de l’ingratitude à ne pas attacher votre nom à l’une des deux œuvres que je n’aurais pu faire sans votre patiente complaisance et vos bons soins. Trouvez donc ici un témoignage de ma reconnaissante amitié, pour le courage avec lequel vous avez essayé, peut-être sans succès, de m’initier aux profondeurs de la science musicale. Vous m’aurez toujours appris ce que le génie cache de difficultés et de travaux dans ces poèmes qui sont pour nous la source de plaisirs divins. Vous m’avez aussi procuré plus d’une fois le petit divertissement de rire aux dépens de plus d’un prétendu connaisseur. Aucuns me taxent d’ignorance, ne soupçonnant ni les conseils que je dois à l’un des meilleurs auteur de feuilletons sur les œuvres musicales, ni votre consciencieuse assistance. Peut-être ai-je été le plus infidèle des secrétaires ? S’il en était ainsi, je serais certainement un traître traducteur sans le savoir, et je veux néanmoins pouvoir toujours me dire un de vos amis.

Comme le savent les connaisseurs, la noblesse vénitienne est la première de l’Europe. Son Livre d’or a précédé les Croisades, temps où Venise, débris de la Rome impériale et chrétienne qui se plongea dans les eaux pour échapper aux Barbares, déjà puissante, illustre déjà, dominait le monde politique et commercial. A quelques