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folie, il peut se repentir, s’ennoblir. Mais l’espion est toujours espion il est espion au lit, à table, en marchant, la nuit, le jour ; il est vil à toute minute. Que serait-ce donc d’être meurtrier comme un espion est vil ? Hé bien, ne venez-vous pas de reconnaître au sein de la société une foule d’êtres amenés par nos lois, par nos mœurs, par les usages, à penser sans cesse à la mort des leurs, à la convoiter ? Ils pèsent ce que vaut un cercueil en marchandant des cachemires pour leurs femmes, en gravissant l’escalier d’un théâtre, en désirant aller aux Bouffons, en souhaitant une voiture. Ils assassinent au moment où de chères créatures, ravissantes d’innocence, leur apportent, le soir, des fronts enfantins à baiser en disant : « Bonsoir, père ! » Ils voient à toute heure des yeux qu’ils voudraient fermer, et qui se rouvrent chaque matin à la lumière comme celui de Belvidéro dans cette Étude. Dieu seul sait le nombre des parricides qui se commettent par ta pensée ! Figurez-vous un homme ayant à servir mille écus de rentes viagères à une vieille femme, et qui, tous deux, vivent à la campagne, séparés par un ruisseau, mais assez étrangers l’un à l’autre pour pouvoir se haïr cordialement sans manquer à ces convenances humaines qui mettent un masque sur te visage de deux frères dont l’un aura le majorat, et l’autre une légitime. Toute la civilisation européenne repose sur l’hérédité comme sur un pivot, ce serait folie que de le supprimer ; mais ne pourrait-on, comme dans les machines qui font l’orgueil de notre Âge, perfectionner ce rouage essentiel ?

Si l’auteur a conservé cette vieille formule au lecteur dans un ouvrage ou il tâche de représenter, toutes les formes littéraires, c’est pour placer une remarque relative à quelques Études et surtout a celle-ci. Chacune de ses compositions est basée sur des idées plus ou moins neuves, dont l’expression lui semble utile, il peut tenir à la priorité de certaines formes, de certaines pensées qui, depuis, ont passé dans le domaine littéraire, et s’y sont parfois vulgarisées. Les dates de la publication primitive de chaque Étude ne doivent donc pas être indifférentes à ceux des lecteurs qui voudront lui rendre justice.

La lecture nous donne des amis inconnus, et quel ami qu’un lecteur ! nous avons des amis connus qui ne lisent rien de nous ! l’auteur espère avoir payé sa dette en dédiant cette œuvre diis ignotis.




Dans un somptueux palais de Ferrare, par une soirée d’hiver, don Juan Belvidéro régalait un prince de la maison d’Este. À cette époque, une fête était un merveilleux spectacle que de royales richesses ou la puissance d’un seigneur pouvaient seules ordonner. Assises autour d’une table éclairée par des bougies parfumées, sept joyeuses femmes échangeaient de doux propos, parmi d’admirables chefs-d’œuvre dont les marbres blancs se détachaient sur des parois en stuc rouge et contrastaient avec de riches tapis de Turquie.