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s’il voulait entrer à l’École polytechnique, je crois qu’il y acquerrait des connaissances utiles dans toutes les carrières. À sa sortie, il resterait le maître de choisir celle pour laquelle il aurait le plus de goût.

Sans avoir rien préjugé jusque-là sur son avenir, vous aurez gagné du temps. Les hommes sortis avec honneur de cette École sont les bienvenus partout. Elle a fourni des administrateurs, des diplomates, des savants, des ingénieurs, des généraux, des marins, des magistrats, des manufacturiers et des banquiers. Il n’y a donc rien d’extraordinaire à voir un jeune homme riche ou de bonne maison travaillant dans le but d’y être admis. Si Gabriel s’y décidait, je vous demanderais… me l’accorderez-vous ! Dites oui !

— Que voulez-vous ?

— Être son répétiteur », dit-il en tremblant.

Marguerite regarda M. de Solis, lui prit la main et lui dit : « Oui. » Elle fit une pause et ajouta d’une voix émue : « Combien j’apprécie la délicatesse qui vous fait offrir précisément ce que je puis accepter de vous. Dans ce que vous venez de dire, je vois que vous avez bien pensé à nous. Je vous remercie. » Quoique ces paroles fussent dites simplement, Emmanuel détourna la tête pour ne pas laisser voir les larmes que le plaisir d’être agréable à Marguerite lui fit venir aux yeux.

« Je vous les amènerai tous les deux, dit-il, quand il eut repris un peu de calme, c’est demain jour de congé. » Il se leva, salua Marguerite qui le suivit, et quand il fut dans la cour, il la vit encore à la porte de la salle à manger d’où elle lui adressa un signe amical. Après le dîner, le notaire vint faire une visite à M. Claës, et s’assit dans le jardin, entre son cousin et Marguerite, précisément sur le banc où s’était mis Emmanuel.

« Mon cher cousin, dit-il, je suis venu ce soir pour vous parler affaire. Quarante-trois jours se sont écoulés depuis le décès de votre femme.

— Je ne les ai pas comptés, dit Balthazar en essuyant une larme que lui arracha le mot légal de décès.

— Oh ! monsieur, dit Marguerite en regardant le notaire, comment pouvez-vous…

— Mais, ma cousine, nous sommes forcés, nous autres, de compter des délais qui sont fixés par la loi. Il s’agit précisément de