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maison Claës était si richement fournie en meubles, en tableaux, en objets d’art et de prix, qu’il semblait difficile d’y ajouter des choses dignes de celles qui s’y trouvaient déjà. Le goût de cette famille y avait accumulé des trésors.

Une génération s’était mise à la piste de beaux tableaux ; puis la nécessité de compléter la collection commencée avait rendu le goût de la peinture héréditaire. Les cent tableaux qui ornaient la galerie par laquelle on communiquait du quartier de derrière aux appartements de réception situés au premier étage de la maison de devant, ainsi qu’une cinquantaine d’autres placés dans les salons d’apparat, avaient exigé trois siècles de patientes recherches. C’était de célèbres morceaux de Rubens, de Ruysdaël, de Van Dyck, de Terburg, de Gérard Dou, de Teniers, de Miéris, de Paul Potter, de Wouwermans, de Rembrandt, d’Hobbema, de Cranach et d’Holbein. Les tableaux quelques biens à titre d’établissement, en le faisant renoncer à la succession paternelle. Plus largement : donner un apanage ─ droit ou pouvoir exercé, privilège. italiens et français étaient en minorité, mais tous authentiques et capitaux. Une autre génération avait eu la fantaisie des services de porcelaine japonaise ou chinoise. Tel Claës s’était passionné pour les meubles, tel autre pour l’argenterie, enfin chacun d’eux avait eu sa manie, sa passion, l’un des traits les plus saillants du caractère flamand.

Le père de Balthazar, le dernier débris de la fameuse société hollandaise, avait laissé l’une des plus riches collections de tulipes connues. Outre ces richesses héréditaires qui représentaient un capital énorme, et meublaient magnifiquement cette vieille maison, simple au-dehors comme une coquille, mais comme une coquille intérieurement nacrée et parée des plus riches couleurs, Balthazar Claës possédait encore une maison de campagne dans la plaine d’orchies. Loin de baser, comme les Français, sa dépense sur ses revenus, il avait suivi la vieille coutume hollandaise de n’en consommer que le quart ; et douze cents ducats par an mettaient sa dépense au niveau de celle que faisaient les plus riches personnes de la ville.

La publication du Code civil donna raison à cette sagesse. En ordonnant le partage égal des biens, le Titre des Successions devait laisser chaque enfant presque pauvre et disperser un jour les richesses du vieux musée Claës. Balthazar, d’accord avec Mme Claës, plaça la fortune de sa femme de manière à donner à chacun de leurs enfants une position semblable à celle du père. La Maison Claës persista donc dans la modestie de son train et acheta des bois, un peu maltraités par les guerres qui avaient eu lieu ; mais qui bien conservés devaient prendre à dix