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suis toujours à Auray et encore ici, parce que je suis venue pour que tu dises aux gars de Marignay qu’il n’y a pas de salut à espérer pour eux s’ils ne s’arment pas. Aussi, leur refuseras-tu l’absolution de leurs péché, à moins qu’ils ne servent Dieu. Tu béniras leurs fusils, et les gars qui seront sans péché ne manqueront pas les Bleus, parce que leurs fusils sont consacrés !… » Elle a disparu en laissant sous le chêne de la Patte-d’oie, une odeur d’encens. J’ai marqué l’endroit. Une belle vierge de bois y a été placée par M. le recteur de Saint-James. Or, la mère de Pierre Leroi dit Marche-à-terre, étant venue prier le soir, a été guérie de ses douleurs, à cause des bonnes œuvres de son fils. La voilà au milieu de vous et vous la verrez de vos yeux marchant toute seule. C’est un miracle fait, comme la résurrection du bienheureux Marie Lambrequin, pour vous prouver que Dieu n’abandonnera jamais la cause des Bretons quand ils combattront pour ses serviteurs et pour le roi. Ainsi, mes chers frères, si vous voulez faire votre salut et vous montrer les défenseurs du Roi notre seigneur, vous devez obéir à tout ce que vous commandera celui que le roi a envoyé et que nous nommons le Gars. Alors vous ne serez plus comme des Mahumétisches, et vous vous trouverez avec tous les gars de toute la Bretagne, sous la bannière de Dieu. Vous pourrez reprendre dans les poches des Bleus tout l’argent qu’ils auront volé ; car, si pendant que vous faites la guerre vos champs ne sont pas semés, le Seigneur et le Roi vous abandonnent les dépouilles de leurs ennemis. Voulez-vous, chrétiens, qu’il soit dit que les gars de Marignay sont en arrière des gars du Morbihan, les gars de Saint-Georges, de ceux de Vitré, d’Antrain, qui tous sont au service de Dieu et du Roi ? Leur laisserez-vous tout prendre ? Resterez-vous comme des hérétiques, les bras croisés, quand tant de Bretons font leur salut et sauvent leur Roi ? — Vous abandonnerez tout pour moi ! a dit l’Évangile. N’avons-nous pas déjà abandonné les dîmes, nous autres ! Abandonnez donc tout pour faire cette guerre sainte ! Vous serez comme les Macchabées. Enfin tout vous sera pardonné. Vous trouverez au milieu de vous les recteurs et leurs curés, et vous triompherez ! Faites attention à ceci, chrétiens, dit-il en terminant, pour aujourd’hui seulement nous avons le pouvoir de bénir vos fusils. Ceux qui ne profiteront pas de cette faveur, ne retrouveront plus la sainte d’Auray aussi miséricordieuse, et elle ne les écouterait plus comme elle l’a fait dans la guerre précédente.