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Sur l’instance de Léveillé, Courceuil retourne chez Bourget, qui, cette fois, l’envoie chez ses neveux directement. Chaussard l’aîné emmène Vauthier dans le bois, lui indique un arbre, et on y trouve un sac de mille francs enterré. Enfin, Léveillé, Hiley, Vauthier font de nouveaux voyages, et chaque fois une somme minime, en comparaison de celle à laquelle se monte le vol, est donnée.

Madame Lechantre recevait ces sommes à Mortagne ; et, sur une lettre d’avis de sa fille, elle les transporte à Saint-Savin, où la dame Bryond était revenue.

Ce n’est pas ici l’instant d’examiner si la dame Lechantre n’avait pas des connaissances antérieures du complot.

Il suffit pour le moment de remarquer que cette dame quitte Mortagne pour venir à Saint-Savin la veille de l’exécution du crime, et en emmène sa fille ; que ces dames se rencontrent au milieu de la route, et reviennent à Mortagne ; que le lendemain le notaire, averti par Hiley, se rend d’Alençon à Mortagne, va sur-le-champ chez elles, et les décide plus tard à transporter les fonds si péniblement obtenus des frères Chaussard et de Bourget, dans une maison d’Alençon dont il sera bientôt question, celle du sieur Pannier, négociant.

La dame Lechantre écrit au garde de Saint-Savin de la venir chercher elle et sa fille à Mortagne pour les conduire par la traverse vers Alençon.

Ces fonds, montant en tout à 20,000 francs, sont chargés la nuit, et la fille Godard aide à ce chargement.

Le notaire avait tracé l’itinéraire. On arrive à l’auberge d’un des affidés, le nommé Louis Chargegrain, dans la commune de Littray. Malgré les précautions prises par le notaire, qui vint au-devant de la carriole, il se trouva des témoins, et l’on vit descendre les porte-manteaux et les sacoches qui contenaient l’argent.

Mais, au moment où Courceuil et Hiley, déguisés en femmes se concertaient, sur une place d’Alençon, avec le sieur Pannier, trésorier des rebelles depuis 1794, et tout acquis à Rifoël, pour savoir comment faire passer à Rifoël la somme demandée, la terreur causée par les arrestations commencées, par les perquisitions, fut telle, que la dame Lechantre, troublée, alla de nuit en fugitive, de l’auberge où elle était, emmenant sa fille par les chemins détournés, abandonnant le notaire Léveillé, pour se réfugier dans les