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les Valois, et jusqu’au quasi-règne de Richelieu ; puis ils se sont amoindris sous Louis XIV et ruinés sous Louis XV. Le grand-père de mon ami dévora les restes de cette brillante maison avec mademoiselle Laguerre, qu’il produisit, lui, le premier, avant Bouret. Officier sans aucune fortune en 1789, le père de Charles-Édouard eut le bon esprit, la révolution aidant, de s’appeler Rusticoli. Ce père, qui, d’ailleurs, épousa, durant les guerres d’Italie, une filleule de la comtesse Albani, une Capponi, de là le dernier prénom de la Palferine, fut l’un des meilleurs colonels de l’armée ; aussi l’Empereur le nomma-t-il commandant de la Légion-d’Honneur, et le fit-il comte. Le colonel avait une légère déviation de la colonne vertébrale, et son fils dit en riant à ce sujet : — Ce fut un comte refait. Le général comte Rusticoli, car il devint général de brigade à Ratisbonne, mourut à Vienne après la bataille de Wagram, où il fut nommé général de division sur le champ de bataille. Son nom, son illustration italienne et son mérite lui auraient valu tôt ou tard le bâton de maréchal. Sous la Restauration, il aurait reconstitué cette grande et belle maison des la Palferine, si brillante déjà en 1100 comme Rusticoli, car les Rusticoli avaient déjà fourni un pape et révolutionné deux fois le royaume de Naples ; enfin si splendide sous les Valois et si habile que les la Palferine, quoique Frondeurs déterminés, existaient encore sous Louis XIV ; Mazarin les aimait, il avait reconnu chez eux un reste de Toscan. Aujourd’hui, quand on nomme Charles-Édouard de la Palferine, sur cent personnes, il n’y en a pas trois qui sachent ce qu’est la maison de la Palferine ; mais les Bourbons ont bien laissé un Foix-Grailly vivant de son pinceau ! Ah ! si vous saviez avec quel esprit Édouard de la Palferine a pris cette position obscure ! comme il se moque des bourgeois de 1830, quel sel, quel atticisme ! Si la Bohême pouvait souffrir un roi, il serait roi de la Bohême. Sa verve est inépuisable. On lui doit la carte de la Bohême et les noms des sept châteaux que n’a pu trouver Nodier.

— C’est, dit la marquise, la seule chose qui manque à l’une des plus spirituelles railleries de notre époque.

— Quelques traits de mon ami la Palferine vous mettront à même de le juger, reprit Nathan. La Palferine trouve un de ses amis, l’ami était de la Bohême, en discussion sur le boulevard avec un bourgeois qui se croyait offensé. La Bohême est très-insolente avec le pouvoir moderne. Il s’agissait de se battre. — « Un instant, dit