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UN PRINCE DE LA BOHÊME.


À HEINE.

Mon cher Heine, à vous cette Étude, à vous qui représentez à Paris l’esprit et la poésie de l’Allemagne comme en Allemagne vous représentez la vive et spirituelle critique française, à vous qui savez mieux que personne ce qu’il peut y avoir ici de critique, de plaisanterie, d’amour et de vérité.

De Balzac.

— Mon cher ami, dit madame de la Baudraye en tirant un manuscrit de dessous l’oreiller de sa causeuse, me pardonnerez-vous, dans la détresse où nous sommes, d’avoir fait une nouvelle de ce que vous nous avez dit, il y a quelques jours.

— Tout est de bonne prise dans le temps où nous sommes ; n’avez-vous pas vu des auteurs qui, faute d’inventions, servent leurs propres cœurs et souvent celui de leurs maîtresses au public ? On en viendra, ma chère, à chercher des aventures moins pour le plaisir d’en être les héros, que pour les raconter.

— Enfin la marquise de Rochefide et vous aurez payé notre loyer, et je ne crois pas, à la manière dont vont ici les choses, que je vous paye jamais le vôtre.

— Qui sait ! peut-être vous arrivera-t-il la même bonne fortune qu’à madame de Rochefide. Allez !… j’écoute.

Madame de la Baudraye lut ce qui suit.


La scène est rue de Chartres du Roule, dans un magnifique sa-