Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/511

Cette page a été validée par deux contributeurs.

est-elle si bien prise que je vous prie de garder cette lettre en témoignage de la cause de la mort de celle qui se dit pour un jour,

Votre servante,
Esther. »

Cette lettre partie, Esther eut un regret. Dix minutes après, elle écrivit la troisième lettre que voici :

« Pardon, cher baron, c’est encore moi. Je n’ai voulu ni me moquer de vous ni vous blesser ; je veux seulement vous faire réfléchir sur ce simple raisonnement : si nous restons ensemble dans les relations de père à fille, vous aurez un plaisir faible, mais durable ; si vous exigez l’exécution du contrat, vous me pleurerez. Je ne veux plus vous ennuyer : le jour que vous aurez choisi le plaisir au lieu du bonheur sera sans lendemain pour moi.

Votre fille,
Esther. »

À la première lettre, le baron entra dans une de ces colères froides qui peuvent tuer les millionnaires, il se regarda dans la glace, il sonna.

Hein pain de biets !… cria-t-il à son nouveau valet de chambre.

Pendant qu’il prenait le bain de pieds, la seconde lettre vint, il la lut, et tomba sans connaissance. On porta le millionnaire dans son lit. Quand le financier revint à lui, madame de Nucingen, assise au pied du lit, lui dit : — Cette fille a raison ! pourquoi voulez-vous acheter l’amour ?… cela se vend-il au marché ? Voyons votre lettre ? Le baron donna les divers brouillons qu’il avait faits, madame de Nucingen les lut en souriant. La troisième lettre arriva.

— C’est une fille étonnante ! s’écria la baronne après avoir lu cette dernière lettre.

Que vaire montame ? demanda le baron à sa femme.

— Attendre.

Addentre ! reprit-il, la nadure est imbidoyaple…

— Tenez, mon cher, dit la baronne, vous avez fini par être excellent pour moi, je vais vous donner un bon conseil.

Vus esde ein ponne phâme !… dit-il. Vaides des teddes, chez les baye…

— Ce qui vous est arrivé à la réception des lettres de cette fille