Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/500

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mique actuel. La Bourgeoisie, moins libérale que Louis XIV, tremble de voir venir son Mariage de Figaro, défend de jouer le Tartuffe politique, et, certes, ne laisserait pas jouer Turcaret aujourd’hui, car Turcaret est devenu le souverain. Dès lors, la comédie se raconte et le Livre devient l’arme moins rapide, mais plus sûre, des poètes.

Durant cette matinée, au milieu des allées et venues des audiences, des ordres donnés, des conférences de quelques minutes, qui font du cabinet de Nucingen une espèce de Salle-des-Pas-Perdus financière, un de ses Agents de change lui annonça la disparition d’un membre de la Compagnie, un des plus habiles, un des plus riches, Jacques Falleix, frère de Martin Falleix, et le successeur de Jules Desmarets. Jacques Falleix était l’Agent de Change en titre de la maison Nucingen. De concert avec du Tillet et les Keller, le baron avait aussi froidement conjuré la ruine de cet homme que s’il se fût agi de tuer un mouton pour la Pâque.

Il ne bouffaid bas dennir, répondit tranquillement le baron.

Jacques Falleix avait rendu d’énormes services à l’agiotage. Dans une crise, quelques mois auparavant, il avait sauvé la place en manœuvrant avec audace. Mais demander de la reconnaissance aux Loups-cerviers, n’est-ce pas vouloir attendrir, en hiver, les loups de l’Ukraine ?

— Pauvre homme ! répondit l’Agent de change, il se doutait si peu de ce dénoûment-là qu’il avait meublé, rue Saint-Georges, une petite maison pour sa maîtresse ; il y a dépensé cent cinquante mille francs en peintures, en mobilier. Il aimait tant madame du Val-Noble !… Voilà une femme obligée de quitter tout cela… Tout y est dû.

Pon ! pon ! se dit Nugicien, foilà pien le gas de rébarer mes berdes de cede nuid… — Il n’a rienne bayé ? demanda-t-il à l’Agent de change.

— Eh ! répondit l’agent, quel est le fournisseur malappris qui n’eût pas fait crédit à Jacques Falleix ? Il paraît qu’il y a une cave exquise. Par parenthèse, la maison est à vendre, il comptait l’acheter. Le bail est à son nom. Quelle sottise ! Argenterie, mobilier, vins, voiture, chevaux, tout va devenir une valeur de la masse, et qu’est-ce que les créanciers en auront ?

Fennez temain, dit Nucingen, c’haurai édé foir dout