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BIXIOU (gravement).

Vieillard ! vous vous trompez. J’ai voulu graver dans votre cerveau la plus vivante image possible du Gouvernement constitutionnel (tous les employés regardent Bixiou, Poiret stupéfait le contemple dans une sorte d’inquiétude) et vous tenir ainsi ma parole. J’ai pris la manière parabolique des Sauvages. (Écoutez !) Pendant que les ministres établissent à la Chambre des colloques à peu près aussi concluants, aussi utiles que le nôtre, l’Administration coupe des boutons aux contribuables.

TOUS.

Bravo, Bixiou !

POIRET (qui comprend).

Je ne regrette plus mes boutons.

BIXIOU.

Et je fais comme Minard, je ne veux plus émarger pour si peu de chose, et je prive le Ministère de ma coopération. (Il sort au milieu des rires de tous les employés.)

Une autre scène, plus instructive que celle-ci, car elle peut apprendre comment périssent les grandes idées dans les sphères supérieures et comment on s’y console d’un malheur, se passait dans le salon de réception du ministère.

En ce moment, des Lupeaulx présentait au ministre le nouveau Directeur, monsieur Baudoyer Il se trouvait dans le salon deux ou trois députés ministériels, influents, et monsieur Clergeot, à qui l’Excellence donnait l’assurance d’un traitement honorable. Après quelques phrases banales échangées, l’événement du jour fut sur le tapis.

UN DÉPUTÉ.

Vous n’aurez donc plus Rabourdin ?

DES LUPEAULX.

Il a donné sa démission.

CLERGEOT.

Il voulait, dit-on, réformer l’administration.

LE MINISTRE (en regardant les députés).

Les traitements ne sont peut-être pas proportionnés aux exigences du service.

DE LA BRIÈRE.

Selon monsieur Rabourdin, cent employés à douze mille francs