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BIXIOU.

Eh ! bien, jeune Poiret-jeune, vous le voyez ?… ces messieurs me comprennent tous…

POIRET (humilié).

Monsieur Bixiou, voulez-vous me faire l’honneur de me parler une seule fois mon langage en descendant jusqu’à moi…

BIXIOU (en guignant les employés).

Volontiers ! (Il prend Poiret par le bouton de sa redingote.) Avant de vous en aller d’ici, peut-être serez-vous bien aise de savoir qui vous êtes…

POIRET (vivement).

Un honnête homme, monsieur…

BIXIOU.

… De définir, d’expliquer, de pénétrer, d’analyser ce que c’est qu’un employé… le savez-vous ?

POIRET.

Je le crois.

BIXIOU (tortille le bouton).

J’en doute.

POIRET.

C’est un homme payé par le gouvernement pour faire un travail.

BIXIOU.

Évidemment, alors un soldat est un employé.

POIRET (embarrassé).

Mais non.

BIXIOU.

Cependant il est payé par l’État pour monter la garde et passer des revues. Vous me direz qu’il souhaite trop quitter sa place, qu’il est trop peu en place, qu’il travaille trop et touche généralement trop peu de métal, excepté toutefois celui de son fusil.

POIRET (ouvre de grands yeux).

Eh ! bien, monsieur, un employé serait plus logiquement un homme qui pour vivre a besoin de son traitement et qui n’est pas libre de quitter sa place, ne sachant faire autre chose qu’expédier.

BIXIOU.

Ah ! nous arrivons à une solution… Ainsi le Bureau est la coque de l’employé. Pas d’employé sans bureau, pas de bureau sans employé. Que faisons-nous alors du douanier. (Poiret essaye de piétiner, il échappe à Bixiou qui lui a coupé un bouton et qui le reprend par un autre.) Bah ! ce serait dans la ma-