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fiacre. Rabourdin passa par la grande cour du Ministère où tous les employés étaient aux fenêtres, et y attendit un moment les ordres du ministre. Le ministre ne bougea pas. Phellion et Sébastien tenaient compagnie à Rabourdin. Phellion escorta courageusement l’homme tombé jusqu’à la rue Duphot, en lui exprimant une respectueuse admiration. Il revint satisfait de lui-même reprendre sa place, après avoir rendu les honneurs funèbres au talent administratif méconnu.

BIXIOU (voyant entrer Phellion).

Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni.

PHELLION.

Oui, môsieur !

POIRET.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

FLEURY.

Que le parti-prêtre se réjouit, et que monsieur Rabourdin a l’estime des gens d’honneur.

DUTOCQ (piqué).

Vous ne disiez pas cela hier.

FLEURY.

Si vous m’adressez encore la parole, vous aurez ma main sur la figure, vous ! il est certain que vous avez chippé le travail de monsieur Rabourdin. (Dutocq sort.) Allez-vous plaindre à votre monsieur des Lupeaulx, espion !

BIXIOU riant et grimaçant comme un singe.

Je suis curieux de savoir comment ira la Division ? Monsieur Rabourdin était un homme si remarquable qu’il devait avoir ses vues en faisant ce travail. Le Ministère perd une fameuse tête. (Il se frotte les mains.)

LAURENT.

Monsieur Fleury est mandé au secrétariat.

LES EMPLOYÉS DES DEUX BUREAUX.

Enfoncé !

FLEURY

Ça m’est bien égal, j’ai une place d’éditeur responsable. J’aurai toute la journée à moi pour flâner ou pour remplir quelque place amusante dans le bureau du journal.

BIXIOU.

Dutocq a déjà fait destituer ce pauvre Desroys, accusé de vouloir couper les têtes…