dans quelques mois, et replacé sans doute à la préfecture de police, car la Grande-Aumônerie ne l’abandonnera pas.
Et il fit une longue tirade sur la Grande-Aumônerie, sur les dangers que courait le gouvernement à s’appuyer sur l’Église, sur les Jésuites, etc. Mais il n’est pas inutile de faire observer que la Cour et la Grande-Aumônerie, à laquelle des journaux libéraux accordaient une influence énorme sur l’Administration, s’étaient très-peu mêlées du sieur Baudoyer. Ces petites intrigues se mouraient dans la haute sphère devant les grands intérêts qui s’y agitaient. Si quelques paroles furent arrachées par l’importunité du curé de Saint-Paul et de monsieur Gaudron, la sollicitation s’était tue à la première observation du ministre. Les passions seules faisaient la police de la Congrégation en se dénonçant les unes les autres… Le pouvoir occulte de cette association, bien permise en présence de l’effrontée société de la Doctrine intitulée : Aide-toi, le ciel t’aidera, ne devenait formidable que par l’action dont la dotaient gratuitement les subordonnés en s’en menaçant à l’envi. Enfin les calomnies libérales se plaisaient à configurer la Grande-Aumônerie en un géant politique, administratif, civil et militaire. La peur se fera toujours des idoles. En ce moment, Baudoyer croyait à la Grande-Aumônerie, tandis que la seule aumônerie qui l’avait protégé siégeait au café Thémis. Il est, à certaines époques, des noms, des institutions, des pouvoirs à qui l’on prête tous les malheurs, à qui l’on dénie leurs talents, et qui servent de raison coefficiente aux sots. De même que M. de Talleyrand fut censé saluer tout événement par un bon mot, de même, en ce moment de la Restauration, la Grande-Aumônerie faisait et défaisait tout. Malheureusement elle ne faisait ni ne défaisait rien. Son influence n’était entre les mains ni d’un cardinal de Richelieu ni d’un cardinal Mazarin ; mais entre les mains d’une espèce de cardinal de Fleury, qui, timide pendant cinq ans, n’osa que pendant un jour, et osa mal. Plus tard, la Doctrine fit impunément à Saint-Merry plus que Charles X ne prétendit faire en juillet 1830. Sans l’article sur la censure si sottement mis dans la nouvelle Charte, le journalisme aurait eu son Saint-Merry aussi. La branche cadette aurait légalement exécuté le plan de Charles X.
— Restez Chef de Bureau sous Baudoyer, ayez ce courage, reprit des Lupeaulx, soyez un véritable homme politique ; laissez les pensées et les mouvements généreux de côté, renfermez-vous dans vos fonctions ; ne dites pas un mot à votre Directeur, ne lui donnez