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PHELLION.

Avez-vous vu comme il était, néanmoins, calme et digne…

POIRET (d’un air finaud qui ressemble à une grimace).

Il y aurait quelque chose là-dessous que cela ne m’étonnerait point.

PHELLION.

Un homme d’honneur, pur, sans tache.

POIRET.

Et ce Dutocq ?

PHELLION.

Môsieur Poiret, vous pensez ce que je pense sur Dutocq ; ne me comprenez-vous pas ?

POIRET (en donnant deux ou trois petits coups de tête, répond d’un air fin).

Oui. (Tous les employés rentrent.)

FLEURY.

En voilà une sévère, et après avoir lu je ne le crois pas encore. Monsieur Rabourdin, le roi des hommes ! Ma foi, s’il y a des espions parmi ces hommes-là, c’est à dégoûter de la vertu. Je mettais Rabourdin dans les héros de Plutarque.

VIMEUX.

Oh ! c’est vrai !

POIRET (songeant qu’il n’a plus que cinq jours).

Mais, messieurs, que dites-vous de celui qui a dérobé le travail, qui a guetté monsieur Rabourdin ? (Dutocq s’en va.)

FLEURY.

C’est un Judas Iscariote ! Qui est-ce ?

PHELLION (finement).

Il n’est certes pas parmi nous.

VIMEUX (illuminé).

C’est Dutocq.

PHELLION.

Je n’en ai point vu la preuve, môsieur. Pendant que vous étiez absent, ce jeune homme, môsieur Delaroche, a failli mourir. Tenez, voyez ses larmes sur mon bureau !…

POIRET.

Nous l’avons tenu dans nos bras évanoui. Et la clef de mon domicile, tiens, tiens, il l’a toujours dans le dos. (Poiret sort.)