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tion difficile à décrire, car ils parcouraient la terrible minute du travail de Rabourdin sur les employés.

BIXIOU (en montrant du doigt un passage).

Vous voilà, père Saillard.

SAILLARD. La caisse est à supprimer dans tous les ministères qui doivent avoir leurs comptes courants au Trésor. Saillard est riche et n’a nul besoin de pension.

Voulez-vous voir votre gendre ? (Il feuillette) Voilà.

BAUDOYER. Complétement incapable. Remercié sans pension, il est riche.

Et l’ami Godard ? (Il feuillette)

GODARD. À renvoyer ! une pension du tiers de son traitement.

Enfin nous y sommes tous. Moi je suis un artiste à faire employer par la Liste Civile, à l’Opéra, aux Menus-Plaisirs, au Muséum. Beaucoup de capacité, peu de tenue, incapable d’application, esprit remuant. Ah ! je t’en donnerai de l’artiste !

SAILLARD.

Supprimer les caissiers ?… C’est un monstre !

BIXIOU.

Que dit-il de notre mystérieux Desroys ? (Il feuillette et lit.)

DESROYS. Homme dangereux en ce qu’il est inébranlable en des principes contraires à tout pouvoir monarchique. Fils de conventionnel, il admire la Convention, il peut devenir un pernicieux publiciste.

BAUDOYER.

La police n’est pas si habile !

GODARD.

Mais je vais au Secrétariat-général porter une plainte en règle ; il faut nous retirer tous en masse si un pareil homme est nommé.

DUTOCQ.

Écoutez-moi, messieurs ! de la prudence. Si vous vous souleviez d’abord, nous serions accusés de vengeance et d’intérêt personnel ! Non, laissez courir le bruit tout doucement. Quand l’Administration entière sera soulevée, vos démarches auront l’assentiment général.

BIXIOU.

Dutocq est dans les principes du grand air inventé par le sublime