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R. Il y a deux sortes de biens, le bien éternel et le bien temporel.

POIRET (il fait une mine de mépris).

Et cela se vendra beaucoup ?

PHELLION.

J’ose l’espérer. Il faut une grande contention d’esprit pour établir le système des demandes et des réponses, voilà pourquoi je vous priais de me laisser penser, car les réponses…

THUILLIER (interrompant).

Au reste, les réponses pourront se vendre a part…

POIRET.

Est-ce un calembour ?

THUILLIER.

Oui, on en fera de la salade (de raiponces).

PHELLION.

J’ai eu le tort grave de vous interrompre (il se replonge la tête dans ses cartons). Mais (en lui-même) ils ne pensent plus à monsieur Rabourdin.

En ce moment il se passait entre des Lupeaulx et le ministre une scène qui décida du sort de Rabourdin. Avant le déjeuner, le Secrétaire-général était venu trouver l’Excellence dans son cabinet, en s’assurant que la Brière ne pouvait rien entendre.

— Votre Excellence ne joue pas franchement avec moi…

— Nous voilà brouillés, pensa le ministre, parce que sa maîtresse m’a fait des coquetteries hier. — Je vous croyais moins enfant, mon cher ami, reprit-il à haute voix.

— Ami, reprit le Secrétaire-général, je vais bien le savoir.

Le ministre regarda fièrement des Lupeaulx.

— Nous sommes entre nous, et nous pouvons nous expliquer. Le député de l’arrondissement où se trouve ma terre des Lupeaulx…

— C’est donc bien décidément une terre ? dit en riant le ministre pour cacher sa surprise.

— Augmentée de deux cent mille francs d’acquisitions, reprit négligemment des Lupeaulx. Vous connaissiez la démission de ce député depuis dix jours, et vous ne m’avez point prévenu, vous ne le deviez pas ; mais vous saviez très-bien que je désire m’asseoir en plein Centre. Avez-vous songé que je puis me rejeter dans la Doctrine qui vous dévorera vous et la monarchie, si l’on continue