Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh ! bien, à l’œuvre, bourreaux ! reprit en souriant le Secrétaire-général.

— Vous voyez, reprit Gigonnet, vos créances sont inscrites avec l’argent prêté pour l’acquisition.

— Voici les titres, dit Gobseck en tirant de la poche de sa redingote verdâtre des dossiers d’avoué.

— Vous avez trois ans pour rembourser le tout, dit Gigonnet.

— Mais, dit des Lupeaulx effrayé de tant de complaisance et d’un arrangement si fantastique, que voulez-vous de moi ?

— La place de La Billardière pour Baudoyer, dit vivement Gigonnet.

— C’est bien peu de chose, quoique j’aie l’impossible à faire, répondit des Lupeaulx, je me suis lié les mains.

— Vous rongerez les cordes avec vos dents, dit Gigonnet.

— Elles sont pointues ! ajouta Gobseck.

— Est-ce tout ? dit des Lupeaulx.

— Nous gardons les pièces jusqu’à l’admission de ces créances-là, dit Gigonnet en mettant un État sous les yeux du Secrétaire-général ; si elles ne sont pas reconnues par la Commission dans six jours, vos noms sur cet acte seront remplacés par les miens.

— Vous êtes habiles, s’écria le Secrétaire-général.

— Juste, dit Gobseck.

— Voilà tout ? fit des Lupeaulx.

— Vrai, dit Gobseck.

— Est-ce fait ? demanda Gigonnet.

Des Lupeaulx inclina la tête.

— Eh ! bien, signez cette procuration, dit Gigonnet. Dans deux jours la nomination de Baudoyer, dans six les créances reconnues, et…

— Et quoi ? dit des Lupeaulx.

— Nous vous garantissons…

— Quoi ? fit des Lupeaulx de plus en plus étonné.

— Votre nomination, répondit Gigonnet en se grandissant sur ses ergots. Nous faisons la majorité avec cinquante-deux voix de fermiers et d’industriels qui obéiront à votre prêteur.

Des Lupeaulx serra la main de Gigonnet.

— Il n’y a qu’entre nous que les malentendus sont impossibles, dit-il, voilà ce qui s’appelle des affaires ! Aussi vous y mettrai-je la réjouissance.