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BIXIOU.

N’est-ce pas trop monté de ton, trop riche de couleurs ? j’éteindrais un peu cette poésie : l’idole impériale, plier le genou ! diable ? Le vaudeville gâte la main, et l’on ne sait plus tenir le style de la pédestre prose. Je mettrais : il appartenait au petit nombre de ceux qui, etc. Simplifie, il s’agit d’un homme simple.

DU BRUEL.

Encore un mot de vaudeville. Tu ferais ta fortune au théâtre Bixiou !

BIXIOU.

Qu’as-tu mis sur Quiberon ? (il lit). Ce n’est pas cela ! Voilà comment je rédigerais :

« Il assuma sur lui, dans un ouvrage récemment publié, tous les malheurs de l’expédition de Quiberon, en donnant ainsi la mesure d’un dévouement qui ne reculait devant aucun sacrifice

C’est fin, spirituel, et tu sauves La Billardière.

DU BRUEL.

Aux dépens de qui ?

BIXIOU (sérieux comme un prêtre qui monte en chaire).

De Hoche et de Tallien. Tu ne sais donc pas l’histoire ?

DU BRUEL.

Non. J’ai souscrit à la collection des Baudouin, mais je n’ai pas encore eu le temps de l’ouvrir : il n’y a pas de sujet de vaudeville là-dedans.

PHELLION (à la porte).

Nous voudrions tous savoir, monsieur Bixiou, qui peut vous inciter à croire que le vertueux et digne monsieur Rabourdin, qui fait l’intérim de la Division depuis neuf mois, qui est le plus ancien Chef de Bureau du Ministère, et que le ministre au retour de chez monsieur de La Billardière a envoyé chercher par son huissier, ne sera pas nommé Chef de Division.

BIXIOU.

Papa Phellion, vous connaissez la géographie ?

PHELLION (se rengorgeant).

Monsieur, je m’en flatte.

BIXIOU.

L’histoire ?