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laquelle on voit des fantaisies dignes de Callot, et sur lesquelles sont des indications incompréhensibles. Quand vous avez trouvé l’objet de vos désirs, vous êtes dans une première pièce où se tient le garçon de bureau ; il en est une seconde où sont les employés inférieurs ; le cabinet d’un Sous-chef vient ensuite à droite ou à gauche ; enfin plus loin ou plus haut, celui du Chef de bureau. Quant au personnage immense nommé Chef de Division sous l’Empire, parfois Directeur sous la Restauration, et maintenant redevenu Chef de Division, il loge au-dessus ou au-dessous de ses deux ou trois Bureaux, quelquefois après celui d’un de ses Chefs. Son appartement se distingue toujours par son ampleur, avantage bien prisé dans ces singulières alvéoles de la ruche appelée Ministère ou Direction générale, si tant est qu’il existe une seule Direction générale ! Aujourd’hui presque tous les Ministères ont absorbé ces administrations autrefois séparées. À cette agglomération, les Directeurs-généraux ont perdu tout leur lustre en perdant leurs hôtels, leurs gens, leurs salons et leur petite cour. Qui reconnaîtrait aujourd’hui, dans l’homme arrivant à pied au Trésor, y montant à un deuxième étage, le Directeur-général des Forêts ou des Contributions indirectes, jadis logé dans un magnifique hôtel, rue Sainte-Avoye ou rue Saint-Augustin, Conseiller, souvent Ministre d’État et Pair de France ? (Messieurs Pasquier et Molé, entre autres, se sont contentés de Directions-générales après avoir été ministres, mettant ainsi en pratique le mot du duc d’Antin à Louis XIV : Sire, quand Jésus-Christ mourait le vendredi, il savait bien qu’il reviendrait le dimanche.) Si, en perdant son luxe, le Directeur-général avait gagné en étendue administrative, le mal ne serait pas énorme ; mais aujourd’hui ce personnage se trouve à grand’peine Maître des requêtes avec quelques malheureux vingt mille francs. Comme symbole de son ancienne puissance, on lui tolère un huissier en culotte, en bas de soie et en habit à la française, si toutefois l’huissier n’a pas été dernièrement réformé.

En style administratif, un Bureau se compose d’un garçon, de plusieurs surnuméraires faisant la besogne gratis pendant un certain nombre d’années, de simples expéditionnaires, de commis-rédacteurs, de commis d’ordre ou commis principaux, d’un Sous-Chef et d’un Chef. La Division, qui comprend ordinairement deux ou trois Bureaux, en compte parfois davantage. Les titres dénominatifs varient selon les administrations : il peut y avoir un vérificateur au lieu d’un commis d’ordre, un teneur de livres, etc.