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l’heureuse Diane ; car il n’est pas de créature qui n’ait plus de force pour supporter le chagrin que pour résister à l’extrême félicité.

— Daniel, on m’a calomniée et tu m’as vengée ! s’écria-t-elle en se levant et en lui ouvrant les bras.

Dans le profond étonnement que lui causa ce mot dont les racines étaient invisibles pour lui, Daniel se laissa prendre la tête par deux belles mains, et la princesse le baisa saintement au front.

— Comment avez-vous su…

— Ô niais illustre ! ne vois-tu pas que je t’aime follement ?

Depuis ce jour, il n’a plus été question de la princesse de Cadignan, ni de d’Arthez. La princesse a hérité de sa mère quelque fortune, elle passe tous les étés à Genève dans une villa avec le grand écrivain, et revient pour quelques mois d’hiver à Paris. D’Arthez ne se montre qu’à la Chambre, et ses publications sont devenues excessivement rares. Est-ce un dénoûment ? Oui, pour les gens d’esprit ; non, pour ceux qui veulent tout savoir.

Aux Jardies, juin 1839.