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JOSEPH.

Comment ! monsieur le marquis ? — Je n’en suis plus.

LAFOURAILLE.

Ton consentement n’est pas à toi.

BUTEUX.

Nous l’avons pris. Vois-tu, mon ami, quand le vin est tiré…

JOSEPH.

S’il est mauvais, il ne faut pas le boire.

VAUTRIN.

Ah ! tu refuses de trinquer avec moi ? Qui réfléchit calcule, et qui calcule trahit.

JOSEPH.

Vos calculs sont à faire perdre la tête.

VAUTRIN.

Assez, tu m’ennuies ! Ton maître doit se battre demain. Dans ce duel, l’un des deux adversaires doit rester sur le terrain ; figure-toi que le duel a eu lieu, et que ton maître n’a pas eu de chance.

BUTEUX.

Comme c’est juste !

LAFOURAILLE.

Et profond ! Monsieur remplace le Destin.

JOSEPH.

Joli état.

BUTEUX.

Et pas de patente à payer.

VAUTRIN, à Joseph, lui désignant Lafouraille et Buteux.

Tu vas les cacher.

JOSEPH.

Où ?

VAUTRIN.

Je te dis de les cacher. Quand tout dormira dans l’hôtel, excepté nous, fais-les monter chez le mousquetaire. (À Buteux et Lafouraille.) Tâchez d’y aller sans lui ; vous serez deux et adroits ; la fenêtre de sa chambre donne sur la cour. (Il lui parle à l’oreille.) Précipitez-le, comme tous les gens au désespoir. (Il se tourne vers Joseph.) Le suicide est une raison. personne ne sera compromis.