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Charles, cet enragé, qui vient de démolir notre établissement… car je… je ne fais pas de menaces…

LAFOURAILLE.

Pour le petit, je vous engage ma tête ! Philosophe lui a mis des cothurnes aux mains et des manchettes aux pieds, il ne le rendra qu’à moi. Quant à l’autre, que voulez-vous ? la pauvre Giroflée est bien faible contre les liqueurs fortes, et Blondet l’a deviné,

VAUTRIN.

Qu’a dit Raoul ?

LAFOURAILLE.

Des horreurs ! il se croit déshonoré. Heureusement, Philosophe n’adore pas les métaphores.

VAUTRIN.

Conçois-tu que cet enfant veuille se battre à mort ? Un jeune homme a peur, il a le courage de ne pas le laisser voir et la sottise de se laisser tuer. J’espère qu’on l’a empêché d’écrire ?

LAFOURAILLE., à part.

Aïe ! aïe ! (Haut.) Il ne faut rien vous cacher : avant d’être serré le prince avait envoyé la petite Nini porter une lettre à l’hôtel de Christoval.

VAUTRIN.

À Inès ?

LAFOURAILLE.

À Inès.

VAUTRIN.

Ah ! puff !… des phrases !

LAFOURAILLE.

Ah ! puff !… des bêtises !

VAUTRIN, à Joseph.

Eh ! là-bas ! l’honnête homme !

BUTEUX, amenant Joseph à Vautrin.

Donnez-donc à monsieur des raisons, il en veut.

JOSEPH.

Il me semble que ce n’est pas trop exiger que de demander ce que je risque et ce qui me reviendra.

VAUTRIN.

Le temps est court, la parole est longue, employons l’un et dispensons-nous de l’autre. Il y a deux existences en péril, celle d’un homme qui m’intéresse et celle d’un mousquetaire que je juge inutile : nous venons le supprimer.