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crés devant lesquels s’abaissent toutes les convenances et même les lois du monde. Quel est le caractère ? quels sont donc les pouvoirs de monsieur ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, à qui Vautrin a fait un signe.

Il m’est interdit de vous répondre.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Eh bien ! je vous le dirai : monsieur est ou le complice ou la dupe d’une imposture dont nous sommes les victimes. En dépit des lettres, en dépit des actes qu’il vous apporte, tout ce qui donne à Raoul un nom et une famille est faux.

RAOUL.

Madame, en vérité, je ne sais de quel droit vous vous jetez ainsi dans ma vie ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Madame, vous avez sagement agi en renvoyant ma fille et le marquis.

VAUTRIN, à Raoul.

De quel droit ? (À madame de Montsorel.) Mais vous ne devez pas l’avouer, et nous le devinons. Je conçois trop bien, Madame, la douleur que vous cause ce mariage pour m’offenser de vos soupçons sur mon caractère et de vous voir contredire des actes authentiques, que madame de Christoval et moi nous sommes tenus de produire. (À part.) Je vais l’asphyxier. (Il la prend à part.) Avant d’être Mexicain, j’étais Espagnol, je sais la cause de votre haine contre Albert ; et quant à l’intérêt qui vous amène ici, nous en causerons bientôt chez votre directeur.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Vous sauriez ?

VAUTRIN.

Tout. (À part.) Il y a quelque chose. (Haut.) Allez voir les actes.

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Eh bien ! ma chère ?

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Allons retrouver Inès. Et, je vous en conjure, examinons bien les pièces, c’est la prière d’une mère au désespoir.

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Une mère au désespoir !

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, regardant Raoul et Vautrin.

Comment cet homme a-t-il mon secret et tient-il mon fils ?