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LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Ne l’as-tu pas choisi ?


Scène II.

les mêmes, UN VALET, puis VAUTRIN.
Le valet apporte a la duchesse une carte enveloppée et cachetée.
LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, à Inès.

Le général Crustamente, envoyé secret de Sa Majesté don Augustin Ier, empereur du Mexique. Qu’est-ce que cela veut dire ?

INÈS.

Du Mexique ! il nous apporte sans doute des nouvelles de mon père !

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, au valet.

Faites entrer.

(Vautrin paraît habillé en général mexicain, sa taille a quatre pouces de plus, son chapeau est fourni de plumes blanches, son habit est bleu de ciel avec les riches broderies des généraux mexicains : pantalon blanc, écharpe aurore, les cheveux traînants et frisés comme ceux de Murat : Il a un grand sabre, il a le teint cuivré, il grasseye comme les Espagnols du Mexique son parler ressemble au provençal, plus l’accent guttural des Maures.)

VAUTRIN.

Est-ce bien à madame la duchesse de Christoval que j’ai l’honneur de parler ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Oui, Monsieur.

VAUTRIN.

Et Mademoiselle ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Ma fille, Monsieur.

VAUTRIN.

Mademoiselle est la señora Inès, de son chef princesse d’Arjos. En vous voyant, l’idolâtrie de M. de Christoval pour sa fille se comprend parfaitement. Mesdames, avant tout, je demande une discrétion absolue : ma mission est déjà difficile, et si l’on soupçonnait qu’il pût exister des relations entre vous et moi, nous serions tous compromis.

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Je sous promets le secret et sur votre nom et sur votre visite.

INÈS.

Général, il s’agit de mon père, vous me permettez de rester.