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VAUTRIN.

Monsieur le duc, j’ai rempli mon devoir. Je souhaite que l’ambition de cet homme, capable de se vendre au plus offrant, vous soit utile.

LE DUC, à part

Comment peut-il savoir si promptement le secret de mon entrevue de ce matin ?

VAUTRIN, à part

Il hésite : Joseph a raison, il s’agit d’un secret important.

LE DUC.

Monsieur…

VAUTRIN.

Monsieur le duc…

LE DUC.

Il nous importe à l’un comme à l’autre de confondre cet homme.

VAUTRIN.

Ce sera dangereux, s’il a votre secret ; car il est rusé.

LE DUC.

Oui, le drôle a de l’esprit.

VAUTRIN.

A-t-il une mission ?

LE DUC.

Rien de grave : je veux savoir ce qu’est au fond un M. de Frescas.

VAUTRIN, à part

Rien que cela (Haut.) Je puis vous le dire, monsieur le duc, Raoul de Frescas est un jeune seigneur dont la famille est compromise dans une affaire de haute trahison, et qui ne veut pas porter le nom de son père.

LE DUC.

Il a un père ?

VAUTRIN.

Il a un père.

LE DUC.

Et d’où vient-il ? quelle est sa fortune ?

VAUTRIN.

Nous changeons de rôle, monsieur le duc, et vous me permettrez de ne pas répondre jusqu’à ce que je sache quelle espèce d’intérêt votre Seigneurie porte à M. de Frescas.

LE DUC.

Vous vous oubliez, Monsieur…