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GERTRUDE.

Ferdinand !… Ah ! mon Dieu à quel prix suis-je sauvée ?

LE GÉNÉRAL.

Mais malheureuse, enfant, pourquoi meurs-tu ? ne suis-je pas, ai-je cessé un seul instant d’être un bon père ? On dit que c’est moi qui suis coupable…

FERDINAND.

Oui, général. Et c’est moi seul qui peux vous donner le mot de l’énigme, et qui vous expliquerai comment vous êtes coupable.

LE GÉNÉRAL.

Vous, Ferdinand, vous à qui j’offrais ma fille, et qui l’aimez…

FERDINAND.

Je m’appelle Ferdinand, comte de Marcandal, fils du général Marcandal… Comprenez-vous ?

LE GÉNÉRAL.

Ah ! fils de traître, tu ne pouvais apporter sous mon toit que mort et trahison !… Défends-toi !

FERDINAND.

Vous battrez-vous, général, contre un mort ? (Il tombe.)

GERTRUDE, s’élance vers Ferdinand en jetant un cri.

Oh ! (Elle recule devant le général, qui s’avance vers sa fille, puis elle tire un flacon qu’elle jette aussitôt.) Oh ! non, je me condamne à vivre pour ce pauvre vieillard ! (Le général s’agenouille près de sa fille morte.) Docteur, que fait-il ?… perdrait-il la raison ?…

LE GÉNÉRAL, bégayant comme un homme qui ne peut trouver les mots.

Je… je… je…

LE DOCTEUR.

Général, que faites-vous ?

LE GÉNÉRAL.

Je… je cherche à dire des prières pour ma fille !

(Le rideau tombe.)
Fin de la Marâtre.