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GERTRUDE, à Ramel en pleurant.

Oh ! Monsieur ! Monsieur !…

RAMEL.

Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense qui puisse nous faire revenir sur cette terrible mesure ?

GERTRUDE.

Messieurs, je suis innocente du crime d’empoisonnement, et tout est contre moi ! Je vous en supplie, au lieu de me torturer, aidez-moi ?… Tenez, on doit m’avoir pris ma clef, voyez-vous ? On doit être venu dans ma chambre… Ah ! je comprends… (À Ramel.) Pauline aimait comme j’aime : elle s’est empoisonnée.

RAMEL.

Pour votre honneur, ne dites pas cela sans des preuves convaincantes, autrement…

LE JUGE.

Madame, est-il vrai qu’hier, sachant que le docteur Vernon devait dîner chez vous, vous l’ayez envoyé…

GERTRUDE.

Oh ! vous, vos questions sont autant de coups de poignard pour mon cœur ! Et vous allez, vous allez toujours.

LE JUGE.

L’avez-vous envoyé soigner un ouvrier au Pré-l’Évêque ?

GERTRUDE.

Oui, Monsieur.

LE JUGE.

Cet ouvrier, Madame, était au cabaret et très-bien portant.

GERTRUDE.

Champagne avait dit qu’il était malade.

LE JUGE.

Champagne, que nous avons interrogé, dément cette assertion, et n’a point parlé de maladie. Vous vouliez écarter les secours.

GERTRUDE, à part.

Oh ! Pauline ! c’est elle qui m’a fait renvoyer Vernon ! Oh ! Pauline ! tu m’entraînes avec toi dans la tombe, et j’y descendrais criminelle ! Oh non ! non ! non ! (À Ramel.) Monsieur, je n’ai plus qu’une ressource. (À Vernon.) Pauline existe-t-elle encore ?

VERNON, désignant le général.

Voici ma réponse !