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ma mère, des émotions bien violentes on dirait qu’au lieu d’un mariage compromis, vos existences elles-mêmes sont menacées. La duchesse et sa fille s’en vont frappées…

LE DUC.

Ah ! pourquoi sont-elles venues au milieu de ce débat ?

LE MARQUIS.

Ce Raoul vous intéresse donc aussi ?

LE DUC.

Et toi donc ? Ta fortune, ton nom, ton avenir et ton mariage, tout ce qui est plus que la vie, voilà ce qui s’est joué devant toi !

LE MARQUIS.

Si toutes ces choses dépendent de ce jeune homme, j’en aurai promptement raison.

LE DUC.

Un duel, malheureux ! Si tu avais le triste bonheur de le tuer, c’est alors que la partie serait perdue.

LE MARQUIS.

Que dois-je donc faire ?

LE DUC.

Ce que font les politiques : attendre !

LE MARQUIS.

Si vous êtes eu péril, Mon père, croyez-vous que je puisse rester impassible ?

LE DUC.

Laissez-moi ce fardeau, mon fils, il vous écraserait.

LE MARQUIS.

Ah ! vous parlerez, mon père, vous me direz…

LE DUC.

Rien ! nous aurions trop à rougir tous deux.


Scène XIII.

les mêmes, VAUTRIN.
Vautrin est babillé tout en noir ; il affecte un air de componction et d’humilité pendant une partie de la scène.
VAUTRIN.

Monsieur le duc, daignez m’excuser d’avoir forcé votre porte, mais (bas et à lui seul) nous venons d’être l’un et l’autre victimes d’un