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GERTRUDE.

Ce que Mademoiselle veut faire, je le ferai moi, et hardiment. Je vais faire venir monsieur de Grandchamp, et vous allez voir que vous serez obligé de partir, mais avec mon enfant et moi. (Félix paraît.) Priez monsieur de Grandchamp de venir ici.

FERDINAND, à Pauline.

Je la devine. Retiens-la, je vais rejoindre Félix et l’empêcher de parler au général. Eugène te tracera ta conduite. Une fois loin d’ici, Gertrude ne pourra rien contre nous. (À Gertrude.) Adieu Madame. Vous avez attenté tout à l’heure à la vie de Pauline, vous avez ainsi rompu les derniers liens qui m’attachaient à vous.

GERTRUDE.

Vous ne savez que m’accuser !… Mais vous ignorez donc ce que Mademoiselle voulait dire à son père de vous et de moi ?

FERDINAND.

Je l’aime et l’aimerai toute ma vie ; je saurai la défendre contre vous, et je compte assez sur elle pour m’expatrier afin de l’obtenir. Adieu.

PAULINE.

Oh ! cher Ferdinand !


Scène VIII.

GERTRUDE, PAULINE.
GERTRUDE.

Maintenant que nous sommes seules, voulez-vous savoir pourquoi j’ai fait appeler votre père ? c’est pour lui dire le nom et quelle est la famille de Ferdinand.

PAULINE.

Madame, qu’allez-vous faire ? Mon père, en apprenant que le fils du général Marcandal a séduit sa fille, ira tout aussi promptement que Ferdinand au Havre… il l’atteindra, et alors…

GERTRUDE.

J’aime mieux Ferdinand mort que de le voir à une autre que moi, surtout lorsque je me sens au cœur pour cette autre autant de haine que j’ai d’amour pour lui. Tel est le dernier mot de notre duel.