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MARGUERITE.

Nous partirons, et pourquoi ?

PAULINE.

Pourquoi ? Tu ne sais pas que madame de Grandchamp m’a endormie.

MARGUERITE.

Je le sais, Mademoiselle, et M. Vernon aussi ; car Félix m’a dit qu’il a mis sous clef la tasse où vous avez bu votre thé… mais pourquoi ?

PAULINE.

Pas un mot là-dessus, si tu m’aimes ! Et, si tu m’es dévouée comme tu le prétends, va chez toi, rassemble tout ce que tu possèdes, sans que personne puisse soupçonner que tu fais des préparatifs de voyage. Nous partirons après minuit. Tu prendras ici, et tu porteras chez toi, mes bijoux, enfin tout ce dont je puis avoir besoin pour un long voyage… Mets-y beaucoup d’adresse ; car si ma belle-mère avait le moindre indice, je serais perdue.

MARGUERITE.

Perdue !… Mais, Mademoiselle, que se passe-t-il ? songez donc quitter la maison ?

PAULINE.

Veux-tu me voir mourir ?

MARGUERITE.

Mourir… Oh ! Mademoiselle j’obéis.

PAULINE.

Marguerite, tu prieras M. Ferdinand de m’apporter mes revenus de l’année ; qu’il vienne à l’instant.

MARGUERITE.

Il était sous vos fenêtres quand je suis venue.

PAULINE, à part.

Sous mes fenêtres… Il croyait ne plus me revoir… Pauvre Ferdinand !


Scène V.

PAULINE, seule.

Quitter le toit paternel, je connais mon père, il me cherchera partout pendant longtemps… Quels trésors a donc l’amour pour