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tinuons ce duel, ma belle-mère et moi, mon pauvre père est déshonoré ; ne vaut-il pas mieux lui désobéir, et, d’ailleurs, je vais lui écrire… Je serai généreuse, puisque je triompherai d’elle… Je laisserai mon père croire en elle, et j’expliquerai ma fuite par la haine qu’il porte au nom de Marcandal et par mon amour pour Ferdinand.


Scène IV.

PAULINE, MARGUERITE.
MARGUERITE.

Mademoiselle se trouve-t-elle bien ?

PAULINE.

Oui, de corps ; mais d’esprit… Oh ! je suis au désespoir. Ma pauvre Marguerite, une fille est bien malheureuse quand elle a perdu sa mère…

MARGUERITE.

Et que son père s’est remarié avec une femme comme madame de Grandchamp. Mais, Mademoiselle, ne suis-je donc pas pour vous une humble mère, une mère dévouée ? car mon affection de nourrice s’est accrue de toute la haine que vous porte cette marâtre.

PAULINE.

Toi, Marguerite !… tu le crois ! mais tu t’abuses. Tu ne m’aimes pas tant que ça !

MARGUERITE.

Oh Mademoiselle mettez-moi à l’épreuve.

PAULINE.

Voyons ?… quitterais-tu pour moi la France ?

MARGUERITE.

Pour aller avec vous, j’irais aux Grandes-Indes.

PAULINE.

Et sur-le-champ ?

MARGUERITE.

Sur-le-champ !… Ah mon bagage n’est pas lourd.

PAULINE.

Eh bien, Marguerite, nous partirons cette nuit, secrètement.