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LE GÉNÉRAL, à part.

Ah ! ça, lui aussi, comme ma fille hier, il se défie de ma femme… Eh ! sacrebleu ! je vais savoir…(Haut.) Touchez-là, vous avez la parole d’un homme qui n’a jamais failli à celle qu’il a donnée.

FERDINAND.

Après m’avoir fait révéler ce que j’enterrais au fond de mon cœur, après avoir été foudroyé, c’est le mot, par le dédain de mademoiselle Pauline, il m’est impossible de demeurer ici… Je vais mettre mes comptes en règle, car, ce soir même, j’aurai quitté le pays, et demain la France, si je trouve au Havre un navire en partance pour l’Amérique.

LE GÉNÉRAL, à part.

On peut le laisser partir, il reviendra. (À Ferdinand.) Puis-je le dire à ma fille ?

FERDINAND.

Oui, mais à elle seulement.

LE GÉNÉRAL.

Pauline !… eh bien ! ma fille, tu as si cruellement humilié ce pauvre garçon, que la fabrique va se trouver sans chef ; Ferdinand part pour l’Amérique ce soir.

PAULINE.

Il a raison, mon père. Il fait de lui-même ce que vous lui auriez sans doute conseillé de faire.

GERTRUDE, à Ferdinand.

Elle épousera Godard.

FERDINAND, à Gertrude.

Si ce n’est moi, ce sera Dieu qui vous punira de tant d’atrocité !

LE GÉNÉRAL, à Pauline.

C’est bien loin, l’Amérique ?… un climat meurtrier.

PAULINE.

On y fait fortune.

LE GÉNÉRAL, à part.

Elle ne l’aime pas. (À Ferdinand.) Ferdinand, vous ne partirez pas sans que je vous aie remis de quoi commencer votre fortune.

FERDINAND.

Je vous remercie, général ; mais ce qui m’est dû me suffira ! D’ailleurs, vous ne vous apercevrez pas de mon départ à la fabrique, car j’ai formé dans Champagne un contre-maître assez