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Scène XI.

La scène change et représente la première décoration.
PAULINE, sur le perron ; GERTRUDE, à la porte du salon.
GERTRUDE.

Elle le reconduit jusque dans le jardin… Il me trompait ! elle aussi !… (Elle prend Pauline par la main et l’amène sur le devant de la scène.) Direz-vous, Mademoiselle, que vous ne l’aimez pas ?

PAULINE.

Madame, moi je ne trompe personne.

GERTRUDE.

Vous trompez votre père.

PAULINE.

Et vous, Madame ?

GERTRUDE.

D’accord ! tous deux contre moi… Oh ! je vais…

PAULINE.

Vous ne ferez rien, Madame, ni contre moi, ni contre lui.

GERTRUDE.

Ne me forcez pas à déployer mon pouvoir Vous devez obéir à votre père, et… il m’obéit.

PAULINE.

Nous verrons !

GERTRUDE.

Son sang-froid me fait bondir le cœur ! Mon sang pétille dans mes veines. Je vois du noir devant mes yeux ! Sais-tu que je préfère la mort à la vie sans lui ?

PAULINE.

Et moi aussi, Madame. Mais moi je suis libre, je n’ai pas juré comme vous d’être fidèle à un mari… Et votre mari… c’est mon père !

GERTRUDE, aux genoux de Pauline.

Que t’ai-je fait ? je t’ai aimée, je t’ai élevée, j’ai été bonne mère.