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LE MARQUIS.

Oh ! Mademoiselle, comment ignorez-vous que les Médina-Cœli, vos cousins, en ont hérité ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Mais vous avez raison, il n’y a plus de Frescas.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Eh bien si ce jeune homme est sans nom, sans famille, sans pays, ce n’est pas un rival dangereux pour Albert, et je ne vois pas pourquoi vous vous en occupez.

LE DUC.

Mais il occupe beaucoup les femmes.

INÈS.

Je commence à ouvrir les yeux…

LE MARQUIS.

Ah !

INÈS.

… Oui, ce jeune homme n’est peut-être point tout ce qu’il veut paraître il est spirituel, il est même instruit, n’exprime que de nobles sentiments, il est avec nous d’un respect chevaleresque, il ne dit de mal de personne ; évidemment, il joue le gentilhomme, et il exagère son rôle.

LE DUC.

Il exagère aussi, je crois, sa fortune ; mais c’est un mensonge difficile à soutenir longtemps à Paris.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, à la duchesse de Christoval.

Vous allez, m’a-t-on dit, donner des fêtes superbes ?

LE MARQUIS.

M. de Frescas, Mesdames, parle-t-il espagnol ?

INÈS.

Absolument comme nous.

LE DUC.

Taisez-vous, Albert : ne voyez-vous donc pas que M. de Frescas est un jeune homme accompli ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Il est vraiment très-aimable, et si vos doutes étaient fondés, je vous avoue, mon cher duc, que je serais presque chagrine de ne plus le recevoir.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, à la duchesse de Christoval.

Vous êtes aussi belle ce matin qu’hier ; vraiment j’admire que vous résistiez ainsi aux fatigues du monde.