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Scène III.

GODARD, LE GÉNÉRAL.
GODARD, entrant.

Général !

LE GÉNÉRAL.

Ah ! bonjour, Godard ! Vous venez sans doute passer la journée avec nous ?

GODARD.

Mais peut-être la semaine, général, si vous êtes favorable à la demande que j’ose à peine vous faire.

LE GÉNÉRAL.

Allez votre train ! je la connais voire demande… Ma femme est pour vous… Ah ! Normand, vous avez attaqué la place par son côté faible.

GODARD.

Général, vous êtes un vieux soldat qui n’aimez pas les phrases, vous allez en toute affaire comme vous alliez au feu…

LE GÉNÉRAL.

Droit, et à fond de train.

GODARD.

Ça me va ! car je suis si timide…

LE GÉNÉRAL.

Vous je vous dois, mon cher, une réparation : je vous prenais pour un homme qui savait trop bien ce qu’il valait.

GODARD.

Pour un avantageux ! eh bien ! général, je me marie parce que je ne sais pas faire la cour aux femmes.

LE GÉNÉRAL., à part.

Pékin ! (Haut.) Comment, vous voilà grand comme père et mère, et… mais, monsieur Godard, vous n’aurez pas ma fille.

GODARD.

Oh ! soyez tranquille ! Vous y entendez malice. J’ai du cœur, et beaucoup ; seulement, je veux être sûr de ne pas être refusé.

LE GÉNÉRAL.

Vous avez du courage contre les villes ouvertes.