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lement, tenez, je suis placé près de cette fenêtre que vous voyez là-bas… Eh bien ! ne la perdez pas de vue, et s’il y a grâce, j’agiterai mon mouchoir.

MADAME ROUSSEAU.

N’oubliez pas, surtout !

BINET.

Il n’y a pas de danger ; je ne suis qu’un pauvre garçon, mais je sais ce que c’est qu’une mère, allez !… vous m’intéressez, vrai ! Pour vous, pour Paméla, j’ai dit des choses… Mais que voulez-vous, quand on aime les gens !… et puis… on m’a promis quelque chose… Comptez sur moi !

(Il sort en courant.)

Scène III.

MADAME ROUSSEAU, MADAME DU BROCARD, JUSTINE.
MADAME ROUSSEAU.

Justine, ouvrez cette fenêtre, et guettez attentivement le signal que nous a promis ce garçon… Mon Dieu ! s’il allait être condamné !

MADAME DU BROCARD.

Monsieur Dupré nous a dit d’espérer.

MADAME ROUSSEAU.

Mais cette bonne, cette excellente Paméla… que faire pour elle ?

MADAME DU BROCARD.

Il faut qu’elle soit heureuse ! j’avoue que cette jeune personne est un secours du ciel ! il n’y a que le cœur qui puisse inspirer un pareil sacrifice ! il lui faut une fortune !… trente mille francs ! trente mille francs !… on lui doit la vie de Jules. (À part.) Pauvre garçon, vivra-t-il ?

(Elle regarde du côté de ta fenêtre.)
MADAME ROUSSEAU.

Eh bien ! Justine ?

JUSTINE.

Rien, Madame.

MADAME ROUSSEAU.

Rien encore… Oh ! vous avez raison, ma sœur, il n’y a que le cœur qui puisse dicter une pareille conduite. Je ne sais ce que mon mari et vous, penseriez… mais la conscience et le bonheur de Jules avant tout… et malgré cette brillante alliance avec les de Verby,