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jeune homme, il est constamment venu vous voir… il faudra déclarer…

PAMÉLA.

La vérité, toujours !… il ne me quittait pas ! il venait me voir par amour, je le recevais par amitié, et je lui résistais par devoir.

DUPRÉ.

Et plus tard ?

PAMÉLA., se troublant.

Plus tard !

DUPRÉ.

Vous tremblez ? prenez garde !… tout à l’heure vous m’avez promis d’être vraie !

PAMÉLA., à part.

Vraie ! ô mon Dieu !

DUPRÉ.

Moi aussi, je m’intéresse à ce jeune homme ; mais je reculerais devant une imposture. Coupable, je le défendrais par devoir… innocent, sa cause sera la mienne. Oui, sans doute, Paméla, ce que j’exige de vous est un grand sacrifice, mais il le faut. Les visites que vous faisait Jules avaient lieu le soir et à l’insu de vos parents !

PAMÉLA.

Oh ! mais jamais ! jamais !

DUPRÉ.

Comment ! Mais alors plus d’espoir.

PAMÉLA., à part.

Plus d’espoir ! Lui ou moi perdu. (Haut.) Monsieur, rassurez-vous ; j’ai peur parce que le danger n’est pas là !… mais quand je serai devant ses juges !… quand je le verrai, lui, Jules… et que son salut dépendra de moi…

DUPRÉ.

Oh ! bien… bien… mais ce qu’il faut surtout qu’on sache, c’est que le 24 au soir il est venu ici… Oh ! alors je triomphe, je le sauve ; autrement je ne réponds de rien… il est perdu.

PAMÉLA., à part, très-émue, puis haut, avec exaltation.

Lui, Jules ! oh ! non, ce sera moi ! Pardonnez-moi, mon Dieu ! Eh bien ! oui, oui !… il est venu le 24… c’est le jour de ma fête… Je me nomme Louise Paméla… et il n’a pas manqué de m’apporter un bouquet en cachette de mon père et de ma mère ; il est venu le soir, tard, et près de moi… Ah ! ah ! ne craignez rien,